20 janvier 2024
au fil de l'eau, au fil du temps. Gilles TRATAPEL, ingénieur à la CNR de 1978 à 2011, vous présentera les grandes lignes du rôle de la CNR dans la vallée du Rhône et plus précisément dans le secteur de Lyon et ses environs.
Après un court hsitorique, il vous sera indiqué les différentes missions et réalisations de la CNR dans le cadre de la concession, à but multiple, qui vient d'être prolongée jusqu'en 2041.
L'exposé sera fortement illustré de photographies des sites concernés.
La Compagnie Nationale du Rhône (CNR) - Conférence du 20 janvier 2024 
« Au fil de l’eau - Au fil du temps » Par Gilles Tratapel
Gilles Tratapel, notre conférencier, a été chef de projet hydro géotechni- cien à la direction de l’ingénierie de la CNR de 1978 à 2011. Dans une première partie il dépeint les caractéristiques du fleuve Rhône et fait ensuite l’inventaire des différents aménagements réalisés depuis la création de la CNR.
Le Rhône, fleuve franco-suisse de 812 kms dont un tiers en Suisse, est considéré comme un fleuve bouillant aux crues fréquentes, souvent importantes et dévastatrices, ainsi celle de 1856 qui, après la rupture de la digue de la Tête d’Or a détruit tout le quartier des Brotteaux dont les maisons étaient principalement en pisé.
A la confluence, le Rhône, fleuve rapide, clair, à crues soudaines, mêle ses eaux à celles de la Saône, rivière plus paisible, chargée de sédiments, à crues lentes.
Les Romains ont été les premiers à y faire quelques aménagements, puis au Moyen-Âge les premiers ponts seront construits (Avignon, Guillotière). On aménage des chemins de halage pour la remonte des bateaux, on creuse des canaux pour l’irrigation. En amont de Lyon, les Sardes créent des digues de protection (Chautagne).
A partir de 1878, dans le cadre du plan Freyssinet, Henri Girardon, Ingénieur d’État, va installer des épis pour faciliter la navigation et stabiliser les berges. Des trailles sont mises en service, ainsi que des ponts à péage, dont le pont suspendu de Marc Seguin reliant Tournon à Tain l’Hermitage.
En 1933 l’État crée la Compagnie Nationale du Rhône, société d’économie mixte et lui confie une concession unique de 75 ans pour son aménagement et sa valorisation, avec trois missions principales : la production d’hydroélectricité, la navigation et l’irrigation, auxquelles s’ajoute la protection contre les crues, avec la surveillance et le contrôle des zones de crues, d’origine, intermédiaires ou de grandes crues, et depuis 2004, les énergies renouvelables, les passes à poisson et l’ancrage local. Le domaine de la concession s’étend de la frontière suisse jusqu’à Port Saint Louis, son embouchure sur la Méditerranée, hors la traversée de Lyon et l’aménagement de Cusset (EDF).
Jusqu’en 2000 la CNR et EDF étaient liés par une convention pour le financement et l’exploitation, mais à partir de 2000, la CNR est devenue producteur et fournisseur indépendant. En 2003 Électrabel (groupe Suez) devient actionnaire. En 2005 la CNR évolue en devenant un centre de télé-conduite du Rhône (production) puis en 2012 un centre de gestion de la navigation (écluses). En 2023 l’État prolonge la concession jusqu’en 2041.

L’aménagement type : Disposition générale sur le bas Rhône

Stade d’eau vive de Sault Brénaz
Les ouvrages hydroélectriques : 19 barrages à faible retenue, 38 centrales, 400 kms de digues, des stations de pompage. Les ouvrages sont dimensionnés pour supporter une crue millénale.
Les ouvrages de navigation commerciale et touristique : 300 kms de voies navigables, 14 écluses à grand gabarit, 27 sites et ports industriels avec balisage, signalisation, passage sous les ponts, etc…
Les ouvrages à usage agricole, irrigation, drainage : 120 000 hec- tares de terres irriguées.
Des installations d’énergies renouvelables : éoliennes au Pouzin et à Donzère, panneaux photovoltaïques.
Des aménagements touristiques et sportifs : Les rivières à canoé- kayak au Péage de Roussillon, à Sault Brénaz, des bassins de joute, le port et bassin de plaisance à Condrieu, des berges aménagées pour les cyclistes de Genève à la Méditerranée : la Viarhôna.
En novembre 1923 la CNR a présenté le projet « Rhônergia », dernière possibilité d’aménage- ment : un barrage-usine de 40 MW entre les communes de Loyettes dans l’Ain et Saint- Romain-de-Jalionas en Isère, pour un budget estimé à 330 millions d’euros et une mise en service en 2033. Ce dernier projet soulève toutefois nombre d’oppositions.
Merci à notre conférencier qui a su nous faire revivre l’évolution du Rhône au travers de ses aménagements et nous faire prendre conscience de toutes les implications qui en ont résulté.
Roland Racine