LE JEU DE BOULES A TRAVERS LES AGES
Le jeu de boules à travers les âges et les régions
Conférence du samedi 18 janvier 2025
Le jeu de boules ! un sujet historique aussi vaste que difficile à appréhender. Or, notre conférencier, Denis Lang, s’en est tiré à merveille… Il nous a fait découvrir les origines de la boule sous toutes ses formes, grâce à de fructueuses recherches, aussi loin qu’il ait pu remonter, tant du côté de la documentation que de celui des illustrations.
Il a débuté son propos par la projection d’une fresque égyptienne, suivie d’un bas-relief grec, montrant de jeunes athlètes utilisant des pierres rondes appelées « sphériques » enveloppées dans une peau cousue, puis un autre, romain, représentant la face d’un sarcophage où des enfants jouent avec des boules en bois cerclées de fer.
Les invasions barbares stopperont l’engouement pour ces jeux de boules qui reprendront vigueur dès le Moyen Âge. A cette époque, les bouleurs, nom donné aux joueurs de boules, sont de plus en plus nombreux à s’exercer à cet art. Le succès est si grand que Charles IV et Charles V interdisent ce jeu par ordonnances, estimant qu’il détourne le peuple d’exercices plus profitables à la défense du royaume, tel le tir à l’arc.
Ensuite le jeu se développe, en particulier dans les Flandres sous le nom de Clos-porte. En 1559, les joueurs se servent de boules qu’ils font rouler dans un cercle posé à la verticale. Dès le XVIIe siècle, ce cercle est remplacé par une pointe. A cette même époque une estampe nous révèle qu’en France, le but est remplacé par une petite boule. En 1629, un nouvel arrêté royal sonne la fin des jeux de boules. En effet Louis XIII l’interdit sous prétexte qu’il fait de l’ombre au jeu de Paume. Seuls les moines peuvent se permettre de jouer aux boules, puisque cachés derrière les grands murs de leur cloître. Finalement l’interdiction ne tardera pas à être levée.
Si le jeu de bourle est apparu au XIVe siècle dans les Flandres, il continue d’être pratiqué aujourd’hui à Tourcoing, la ville possédant un magnifique bourloire. La boule est en bois, de forme ronde, plate et pesant environ 2kg. Dans le Val de Loire, nous trouvons la boule de fort : la sphère y est aplatie, asymétrique et cerclée de fer.
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Jeu de boules - Porte de Vaise
Jean-Jacques de Boissieu (1803)
D’autres jeux apparaissent, comme celui de la boule de sable dans le Maine et Loire ou dans le pays nantais. Le Finistère propose la boule « ar Mestr », autre nom du cochonnet. La boule bretonne des Côtes-d’Armor est quant à elle apparentée à la boule lyonnaise. Au début du XXe siècle la commune de Veynes (05) voit la création de la boule carrée. Depuis une trentaine d’années, cette technique s’est développée à Cagne-sur- Mer. A Lyon, on peut même en trouver trace rue Duguesclin… en 1899 ! Citons également le jeu de divertissement dit de la pétanque « lou jo à pèd-tanca », né à la Ciotat en 1910 et qui a gagné depuis tout le territoire français.
La Révolution française, en abolissant les privilèges de la noblesse, favorise le jeu de boules. Ainsi, c’est au XVIIIe siècle qu’il a conquis Lyon et sa région. Nous en voulons pour preuve l’estampe réalisée par Jean- Jacques de Boissieu représentant des joueurs s’exerçant au jeu de grosses boules, porte de Vaise. A Lyon, la première fédération de boules est fondée au Clos Jouve vers 1852. Au début, les joueurs se servent de boules en bois de buis clouté. Elles seront ensuite élaborées en métal, créées et fabriquées dès 1923 par la société « La Boule Intégrale ». Faut
-il le préciser, notre jeu de boules à la lyonnaise est régi par des règles strictes et se pratique sur un terrain réglementé, de 27,50 m de longueur pour 2,5 m de largeur.
Au fil des années, les jeux se multiplient, sur les quais, près des cafés, dans les clos privés et sur de nombreuses places, tant à Lyon qu’en périphérie, mais aussi en Isère, dans l’Ain, en Savoie, tout en gagnant d’autres territoires. De partout l’on s’entraîne pour le fameux concours de Pentecôte, né en 1894 cours de Verdun avant d’investir dès 1900 la magnifique place Bellecour. On construit des boulodromes, notamment à la Croix-Rousse, à Dardilly, sans oublier celui du pont Pasteur sacrifié lors de la construction du Musée des Confluences.
Prisés par les sociétés immobilières, la plupart des jeux de boules disparaissent un à un. Heureusement qu’il reste encore des acharnés du jeu de boules et actuellement plusieurs clubs accueillent un nombre d’adhérents fort respectable. Parallèlement, le tir progressif, en relais ou de précision s’est développé ! Une prouesse technique mais aussi d’endurance.
Enfin, beaucoup plus près de nous, lors des jeux olympiques, se sont tenues les épreuves du jeu de boules dit de la boccia, avec le succès que l’on connait pour nos couleurs. Mais c’est malheureusement le seul jeu de boules homologué par les instances olympiques, alors que la lyonnaise, la longue, mériterait d’être reconnue comme un sport à part entière.
Mais il y aurait tant à dire… Alors, après nous avoir projeté trois courts métrages, dont deux des frères Lumière, Denis Lang a parachevé son propos par un clin d’œil à Fanny, la nôtre, la fanny Dubriand, née à la Croix-Rousse, de l’imagination du bon gone Jean Gourmoud.
Une très intéressante conférence que nous avons terminée par la dégustation d’une bonne brioche arrosée de beaujolais et de jus de fruit.
Gérard Truchet