La fiarde-Alinjan-Le rampot

La fiarde

Tout gone bien élevé doit avoir trois fiardes : la ronflante, dont le clou est pointu, et qui doit être peinturlurée ; la couratière, qui doit ête plutôt large et qui tourne sur une vis à tête plate ou sur un rivet ; la vieille ramelle, en buis, rapport à la solidité, vu qu'elle recevra des porons. Il faut avoir trois galans.

La ronflante est une fiarde qui s'en croit. Les gones habiles la lancent très fort et elle doit tourner vite, sans changer de place.

La couratière à l'incontraire, on la lance à plat, en se mettant à cacaboson et elle doit faire du chemin.

Quand à la vieille ramelle, on la fait tourner dans un petit rond en creux sur la terre, et pan ! les gones doivent la faire sortir du pot et du rond en la cabossant avec la ronflante.

Jouer à la fiarde est très difficile. C'est à la Martinière que l'on apprenait jadis à calculer la longueur qu'il faut donner au galan, lequel doit être assez serré pour ne pas s'éboyer

porons : coups, blessures que reçoit la vieille ramelle   — galan : cordon lanceur qui entoure la fiarde   —   s'éboyer : s'éventrer, se dérouler et tomber sans faire tourner la fiarde (vient de boyau).

 

Alinjan

Dans son littré de la Grand-Côte, Nizier du Puitspelu écrivait : " Que de fois quand j'étais tout petit entre chien et loup et qu'on entendait siffler le vent dans les portes mal jointes de Sainte-Foy ma mère a eu la bonté de s'amuser avec moi à alingen (alinjan). Elle prenait une poignée de haricots qu'elle mettait dans sa main fermée et me disait en la tendant : Alingen ! A quoi je répondais : Je m'y mets. - Jusqu'à quant (quantum ou combien) ? - Jusqu'à six. Elle ouvrait la main ; il y en avait neuf ! J'avais donc perdu trois haricots que je lui donnais (si j'avais dit : dix, elle m'en aurai donné un) et c'était à mon tour de poser la question. " 

Nizier du Puitspelu rajoute : " Charbot traduit alingen par : Allons Jean ! Et je pense qu'il a raison, car le Dauphiné d'où nous vient probablement le jeu, traduit "Allons Jean ", par " Allein, Jan " !

A la fin de la soirée, les gains réunis de la mère et de de l'enfant constituent de quoi faire la soupe le lendemain. N'est-ce pas meilleur marché que d'aller acheter les haricots chez l'épicier ?

Le rampot

Vous creusez dans a terre neuf pots en trois rangs de trois. Il faut, comme de bien s'entend, que vous soyez neuf gones, et chacun des pots appartient à un gone. A quatre pas en avant des pots, vous tracez une raie. on déguille pour savoir qui jouera le premier. Celui qui est maire se place sur la raie et lance une petite paume de caoutchouc sur le camp des pots. Les autres sont assemblés tout autour du camp. Bon ! voilà que le paume entre dans un pot ; le propriétaire de ce pot va la ramasser, tandis que les autres s'égaillent vivement. Il doit la lancer et atteindre l'un de ceux qui s'ensauvent; Celui qui est atteint est marqué. Par ainsi on bouche son pot avec un petit caillou. Il dit "je me sale" et se retire du jeu. Si le lanceur de paume n'a attrapé personne, c'est lui qui est marqué. Quand à celui qui, le pied sur la raie, avait la fonction de placer la paume dans un pot, il a trois coup de grâce. Si, en ces trois coups, il n'est pas entré dans un pot, c'est lui qui est marqué et qui doit dire "je me sale".

Après ce premier coup, les huit gones qui restent redéguillent, autant que possible à zig, zing zoug et ainsi de suite jusqu'au dernier pot.

Quan la partie achevée, un pot n'a jamais été atteint, le gone qui n'a pas été marqué a le droit de lancer sa paume dans le dos des autres, qui s'appuient la tête contre le mur. Souvent les bons gones font grâce de cette cérémonie, peut être pour ne pas abuser de leur victoire, peut être pour ne pas inciter les autres gones à se revenger.