Guignol Magicien
Création de la compagnie Papallamanno
Jeudi 28 mars, le 250e anniversaire conduit nos pas quai Saint-Vincent dans un lieu historique lyonnais où sont installées Les Nouvelles Subsistances. Depuis le matin, la compagnie Papallamanno qui avait assuré le spectacle du 3 mars, s’active ardemment pour monter son castelet en vue de nous présenter le dernier spectacle de sa création : Guignol magicien.
Nous sommes près de 180 spectateurs, amis de Guignol et autres amoureux de notre marionnette, à nous être déplacés pour cet événement. Le cadre sort de l’ordinaire pour recevoir Guignol et cet honneur en revient à Christian Allamanno, directeur de cette compagnie. En effet, il a su convaincre les responsables des Subsistances qui ont spontanément prêté pour un soir cette salle de spectacle. Techniquement, le lieu n’est pas très approprié pour accueillir un spectacle de marionnettes à gaine comme Guignol et ses compères. Néanmoins la Compagnie Papallamanno a su, avec professionnalisme, surmonter toutes les difficultés.
Mais chut ! La lumière s’estompe et les premières notes de musique s’élèvent. Au pupitre Stéphane Robin, accordéoniste, synthétiseur de talent, arrangeur, compositeur, bruiteur éclairagiste et sonorisateur. Un homme éclectique jonglant avec aisance entre les boutons de son accordéon et ceux de la table de mixage. Le rideau s’ouvre sur un décor sobre et magnifique dû à l’artiste peintre-décorateur Christian Allamanno. Puis, Guignol, Gnafron et Madelon vont progressivement entrer en scène pour un impromptu rédigé spécialement à la mémoire de Laurent Mourguet.
L’idée est originale et novatrice. Elle évoque la toute première rencontre entre Gnafron et Guignol en ce début du XIXe siècle. Les propos vont bon train lorsque passe une très chenuse fenotte. Il n’en faut pas plus pour attirer et retenir le regard de Guignol. Alors, celui-ci s’informe auprès de Gnafron pour en savoir un peu plus sur cette belle créature. Gnafron lui explique qu’elle habite le quartier et qu’elle se prénomme Madelon jouée par Elise Dano. Deux siècles plus tard, notre trio est toujours aussi populaire. Merci, Monsieur Mourguet ! Cette originale introduction retient l’attention du public qui apprécie particulièrement les apartés faits par nos trois amis. Il faut dire qu’ils ne se privent pas pour égratigner l’actualité du moment.
Le temps de fermer le rideau pour la préparation des décors suivants, notre musicien s’active à nouveau sur son clavier. Attention ! Les trois coups retentissent, le rideau s’ouvre sur la pièce annoncée par les affiches : Guignol magicien. Ce spectacle conçu pour famille et créé en ce début d’année 2019 méritait d’être présenté au cours de la programmation des festivités de ce 250e anniversaire. Au final, le public ne le regrettera pas.
Guignol décide de souligner la fête de Madelon, le plus délicat étant de trouver un cadeau sortant de l’ordinaire. Il laisse de côté fleurs, friandises et mâchon. Après réflexion, il choisit de l’inviter dans un cabaret et de l’étonner en lui proposant des tours de magie. Il s’adresse alors au réputé magicien Sirius qui, de ce pas, s’en va trouver son amie la sorcière Déborah Dégoût. Débordée, elle n’a pas trop de temps à lui consacrer, mais Sirius insiste.
Tout à coup surgit, sous la forme d’un squelette, Calcium en stage chez dame sorcière. Celui-ci quelque peu déluré trouve le moyen de les faire disparaitre… La panique est totale ! Il se sauve et part à la recherche de Guignol. De l’antre de la sorcière où des gargouilles ornant les murs s’animent et chantent, on se retrouve en quelques secondes dans la rue aux façades colorées et fleuries pour revenir ensuite dans la grotte de Déborah. Guignol demande à Calcium les gestes qu’il a pu faire et les paroles qu’il a pu dire pour la disparition des deux magiciens. Enfin, il balbutie la formule magique et la sorcière et Sirius réapparaissent. Puis, notre magicien enseigne quelques tours à Guignol.
Au final, Guignol nous entraîne à l’intérieur d’un cabaret où il va pouvoir épater Madelon. Quant au public, il le sera tout autant devant l’habileté des marionnettistes. Il y a bien entendu le traditionnel tour de cartes, le numéro de mentisme avec la participation d’un spectateur et, pour clore le tout, la lévitation où Madelon endormie s’élève dans les airs.
Les chansons se succèdent, la musique et le bruitage n’en sont pas exempts et chacun de nous aura passé une excellente soirée. Le buffet clôturant sympathiquement ce spectacle permit d’adresser toutes nos félicitations à Christian Allamanno et sa partenaire marionnettiste omniprésente, Elise Dano.
Gérard Truchet