Faire Guignol

Conférence du 2 février 2020

Cette année 2019, marque le 250e anniversaire de la naissance de Laurent Mourguet, le créateur de notre marionnette emblématique Guignol.
Le fils étant plus connu que le père, nous commençons ces célébrations par les origines de la création de Guignol.
C’est ce que nous a proposé Paul Fournel lors de sa conférence du samedi 2 février. Écrivain, historien, ami de Jean-Guy Mourguet, il est l’un des meilleurs spécialiste des Mourguet.
Faire GuignolÀ partir de l’écriture romancée de son nouveau livre Faire Guignol, Paul Fournel vient donc ce samedi, nous parler sous une forme ludique, du contexte politique et économique qui conduisit Laurent Mourguet à créer sa marionnette. Notre conférencier avait commenté ainsi son ouvrage : « Le récit que je fais de sa vie est tissé de mensonges et de légendes. Ces souvenirs du ‘’père Mourguet’’ que le temps porte, sont d’avantages des preuves d’amour que les vérités historiques… Guignol a eu un papa, et ce papa-là méritait bien sa légende et son histoire. »
Laissons-nous emporter par cette romance historique où la fiction reste proche de la réalité.
Tout commença lorsque la Révolution de 1789 entraîna l’arrêt des commandes de soieries et donc de la fabrique, puisque les principaux clients étaient de la noblesse. Laurent Mourguet avait vingt ans, il était canut et se retrouva à la meurte c’est-à-dire au chômage. Il fit les marchés vendant ce que les mariniers d’Ainay apportaient.
Un jour le père Thomas, Lambert Grégoire Ladré, amuseur public et joueur de violon lui proposa un job « arracheur de dents ». Ce travail ne lui plaisait pas, sauf que pour attirer le client et couvrir les cris du patient, la coutume consistait à parler fort en jouant avec des marionnettes à gaine. Ainsi débuta son apprentissage de la manipulation avec polichinelle. Lorsque Napoléon vint au pouvoir permettant la création de deux théâtres, l’un classique l’autre populaire où l’on pouvait faire du chant, des mimes, de la prestidigitation et aussi des marionnettes, Laurent se lança dans cette dernière catégorie. Il souhaitait manipuler des personnages proches du réel comme lui. Il sculpta d’abord une représentation de Ladré avec son bugne qu’il baptisa Gnafron. Mais c’était un ivrogne qui parfois, trop saoul, n’arrivait pas à jouer. Alors très vite il créa Guignol à son image.
Celui-ci porte le costume brun des serviteurs qui colle avec le répertoire "maître et serviteurs" du théâtre classique, les boutons portent des ancres de marine, sans doute parce que Guignol est né près du port d’Ainay, où  le père Chapelle, président du syndicat des modères le faisait travailler. Le sarcifis, la tresse de cheveux est le symbole des canuts et le petit chapeau en cuir pourrait être celui de sécurité des dockers.
Séparé de Ladré et se retrouvant seul, il créera au fil des années une troupe avec sa fille Rose-Pierrette et d’autres membres de sa famille, sa femme confectionnait les costumes et les perruques. Ce seront des improvisations et des impromptus dans l’esprit de Guignol qui connurent un rapide succès. Il fera des tournées qui le conduiront dans de nombreuses villes.
Pendant ce temps à Lyon les marionnettistes se multipliaient avec souvent des ennuis avec la police et ce furent des interdits que le facétieux et rusé Guignol parvenait à contourner. Ȧ la fin de sa vie, Laurent Mourguet se retira à Vienne où il jouait dans son appartement du premier étage des pièces pour enfant, jusqu’à un dramatique accident qui le fit cesser son métier de marionnettiste. Il décèdera à Vienne fin 1844.

Voilà un bref aperçu de cette conférence chaleureusement applaudie. Pour en connaître plus sur cette belle histoire, n’hésitez pas à vous procurer le roman Faire Guignol publié par Paul Fournel chez P.O.L.